Voilà 1 semaine que notre fille de 13 mois a commencé à marcher toute seule sans se tenir ! La fierté se lit dans ses yeux et
les nôtres en tant que parents, en la voyant réussir cet exploi et en prenant à chaque fois un peu plus d'assurance.
J'imagine ce qu'elle doit se dire dans ces moments de lâcher-prise : "tient
finalement je peux me dresser à la hauteur de ce monde et avancer sans avoir besoin de me tenir ou que l'on me tienne".
C'est bien dommage qu'en grandissant nous nous souvenions pas de nos premiers pas, que nous oublions combien de fois nous
sommes tombés avant d'arriver à marcher droit, avec de bons appuis pour tenir en équilibre.
Lorsque je regarde ma fille, je vois l'entrepreneuse en elle: elle ose prendre des risques, elle ose parce qu'elle ne sait pas
que c'est interdit ou que ça ne se fait pas ; lorsqu'elle a une idée en tête, elle persévère, elle trouve un moyen d'atteindre son objectif (quitte à finir la tête la première dans la caisse de
jeux et les jambes en l'air, car évidemment elle voulait le petit jeu tout au fond).
Elle sait attirer l'attention, susciter l'admiration et user de ses charmes pour arriver à ses fins.
Nous étions tous plus ou moins ainsi lorsque nous étions enfants.
Mais alors, que s'est t-il passé entre temps ?
Pourquoi a t-on aussi peur de prendre des risques, même mesurés ?
Pourquoi il est si difficile de sortir de sa zone de confort alors qu'à priori c'est naturel chez l'enfant
?
Notre éducation et nos croyances sont évidemment pour beaucoup dans la culture de nos peurs. Avec le temps on finit par croire
que ne serait-ce que quitter un CDI c'est dangereux (surtout dans une conjoncture économique comme celle que l'on connaît).
J'entends encore régulièrement: "J'aimerai partir
mais...
... j'ai un crédit à payer...
... nous aimerions acheter, investir dans l'immobilier et les banques ne prêteront pas si...
... nous avons des projets d'enfants et les enfants ça coûtent cher...
... ça inquièterait ma femme / mon mari / mes parents...
... je ne suis pas capable de faire autre chose que ce que je fais déjà...
... je risque de finir à la rue...
... si je pars, je vais devoir tout recommencer à zéro... et perdre mes avantages
financiers..."
(Vous avez compris, la liste est longue...)
Maintenant, remettez-vous à la place de cet enfant que vous étiez.
Certes, vous allez me dire qu'un enfant et un adulte ce n'est pas pareil, nous n'avons pas les mêmes contraintes ; mais
imaginez un peu si on transposait le problème à une problématique d'enfant telle que l'aquisition de la marche, ça donnerait :
"J'aimerai bien marcher comme eux mais...
... je suis trop petit.e...
... je risque de tomber et de me faire mal...
... je ne suis pas prêt.e...
... maman / papa m'a dit que c'était dangereux...
... je n'arrive pas à marcher droit et à tenir longtemps alors à quoi bon...
... c'est fatiguant...
... si je tombe je peux finir à l'hôpital..."
ça vous fait sourire ?
Et pourtant, si l'on regarde bien, à l'échelle de l'enfant, cela paraît aussi difficile que de quitter son emploi pour un
adulte. Et encore que le plus difficile est de commencer à marcher car l'enfant apprend à marcher seul en général, personne n'est capable de lui montrer l'exemple étape par étape car nous n'avons
aucun souvenir de ce moment, alors que pour quitter un emploi pour un autre projet, il est très facile de se faire accompagner pas après pas.
Croyez-vous que si enfant vous aviez eu ce même genre de pensée, vous seriez devenu l'adulte que vous êtes
?
Bien sûr que non!
Vous seriez resté.e dépendant.e de votre entourage, et n'auriez aucune capacité à prendre vos propres
décisions.
Vous dites bien à vos enfants (ou neuveux / nièces) d'essayer et êtes fiers de leurs progrès, pourquoi ne le seriez-vous pas
pour vous ?
Les Hommes sont par définition des Êtres amenés à évoluer. C'est justement lorsqu'on stagne dans une situation qui ne nous est
pas ou plus confortable, que la souffrance et les douleurs s'accentuent.
Et la paralysie n'a jamais été bonne pour la santé ! (tous les médecins, ergonomes, ergothérapeutes, psychologues... vous le
diront!)
Souvenez-vous de cet enfant que vous étiez qui n'arrêtait pas de gigotter sur sa chaise parce qu'il ne supportait plus de
rester assis à table (parce que le dîner était trop long), c'était agaçant non ? Voire même, vous pouviez commencer à avoir des douleurs, des crampes...
Alors, levez-vous et bougez tant que vous en êtes encore capable !